Depuis que le gouvernement m'a octroyé le RSA je suis un autre homme. Ma vie ressemble enfin à quelque chose. J'ai un visage, une voix, un corps sur qui je peux compter. En quittant mon poste de directeur général à Media-Computer-Human (MCH) j'ai non seulement fais des heureux parmi mes collègues mais et surtout, j'ai libéré un être qui se trouvait être moi et que je ne connaissais pas. Dans un tiroir de mon bureau j'ai laissé 10.000 euros en liquide. Comme ça. Pour la forme. Pour qu'on m'oublie plus vite. Deux mois ont passés depuis. Mon bracelet électronique ne me gène pas. Une belle montre Cartier inviolable. Discrétion absolue. Que je dissimule sous des pulls larges et bon marchés. Surtout quand je vais faire des course à Carrefour. J'ai abandonné ma voiture dans un quartier sensible. Désormais je marche. Vite et sur de moi. Rien ni personne ne doit venir contrarier ma trajectoire. Je peux être très méchant. Mais ça, je suis le seul à le savoir. Aucun détecteur de mensonge ne m'a jamais percé à jour. Je vous emmerde bande d'enculés. En surfant sur le Net je croise parfois un article sur mes performances d'autrefois. Recherche en cybernétique, A.I, Traitement contre l'angoisse virtuelle, Sexualité réelle en temps de guerre, criminologie fantasmatique. Tels étaient mes domaines ou l'on m'admirait. J'étais heureux à l'époque. Enfin je le croyais. Mon MOI antédiluvien a refait surface. J'aurais pu inventer Google si j'avais voulu. Je n'ai jamais ciré de pompes. Mais je me suis fait tailler un nombre incalculable de pipes. Hommes et femmes. Souvent à la limite de la légalité. De bonnes bouches fraîches sans caries. Je vous encule bande de bâtard. Je touche le RSA.
