Va sur BLOGGER. Voilà les codes | utilisateur = blackblog03@gmail.com | le mot de passe = black021268 | et blog le Meilleur du Pire et Vice-Versace. NB les codes ont été hacké.


ARCHIVES

16.4.08

konsstrukt / 48 (la nuit noire 16, 17, 18)

la nuit noire est un roman diffusé par épisode
vous êtes abonné parce que je suis un sauvage ou alors parce que vous le voulez bien.
s'il vous manque des épisodes, réclamez-les.
les personnages de la nuit noire sont fictifs. toute ressemblance avec votre famille est un sérieux manque de bol.
konsstruktVOUSaime.

(gravure : jean-marc renault - jmr02.blogspot.com)
 
***
 

16 : 18

 

Le premier suicide de ma mère. J'étais dans ma chambre. Je recopiais des livres de mythologie. Je dessinais des temples et des nécropoles. Peut-être, si j'en étais resté à faire des dessins, que ça n'aurait pas été plus loin. Si ma mère, ce jour-là,  ne s'était pas suicidée. J'étais sur mon lit. La porte était ouverte. Je l'ai vue passer ; elle titubait et son visage était très maquillé. Je suis sorti la voir. Elle s'est laissée tomber sur son lit. Elle portait une nuisette. Son visage était barré de traits de rouge à lèvre. Ses yeux étaient dilatés. Une épaisse couche de noir les bavait et débordait tout autour. Elle a eu un rire malade. Sa voix cassée. Je l'ai regardée et j'ai eu très peur. Je lui ai demandé ce qui n'allait pas, mais elle ne comprenait pas ce que je disais. Je ne suis même pas sûr qu'elle me voyait. Je l'ai secouée, elle a rit, je l'ai frappée. Elle a voulu se lever, elle est tombée du lit. J'étais sur elle. Elle m'insultait. Je crois qu'elle parlait à mon père. Ou alors à un autre type, qu'elle venait de quitter. Elle riait. Sa voix était éraillée et méchante. Ses yeux étaient haineux et tristes. Je lui ai cogné la tête contre le sol. Elle riait encore. Je suis sorti. J'ai été dans la forêt. Là, j'ai repensé au sanctuaire. Je me suis dit qu'il fallait que je le construise, que je le fabrique pour de vrai. Un endroit où je pourrais me réfugier. Je savais que si elle ne mourait pas ce jour-là, elle recommencerait. D'un côté, je voulais qu'elle soit morte. De l'autre, l'idée qu'elle ne soit plus là me terrifiait.

Quand je suis rentré à la maison, j'avais accepté son suicide. Tout le scénario. Ce qu'il faudrait faire. Quelles réactions exhiber aux autres. Mais elle était là. Ses poignets bandés. Démaquillée. Elle m'a pris dans ses bras. Pour se faire pardonner, elle m'avait acheté un Big Jim.

 

17 : 17

 

Le sanctuaire était circulaire. Les murs étaient faits de pierres empilées, sans mortier. Pour tenir lieu de plafond, j'avais fixé une bâche de plastique bleu, récupérée dans une décharge à la sortie du village. Le sol était de terre. J'avais simplement enlevé les pierres et les herbes et tout ça. Il n'y avait pas de fenêtre, juste une issue étroite. Je devais ramper pour entrer dans le sanctuaire.

Au centre, j'avais creusé une fosse peu profonde. J'y entassais les carcasses d'animaux afin qu'elles pourrissent, aussi bien tous ceux qu'avais chassé avant, que ceux que je chassais depuis. Le sang de mes nouvelles prises me servait à asperger les pierres. Au bout de trois semaines, l'odeur a pris sa texture définitive. Très puissante. Le sanctuaire attirait les mouches, les fourmis et les guêpes. La viande grouillait d'asticots et d'autres larves.

J'ai aussi tapissé les murs de ma merde. Ca a pris du temps. Une couche, puis deux couches. Attendre que ça sèche. Et encore du sang. Et encore de la merde. L'odeur devenait insoutenable. J'ai ajouté mon sang, et mon sperme, et ma pisse. Tout ce qui venait de mon corps. Mon sanctuaire était prêt.

C'est là que je venais penser. Toutes les choses qui me sont passées par la tête, ici. Dans l'obscurité. Avec la lumière bleu nuit qui filtrait parfois par la bâche. Avec le bruit de la pluie. Parfois. Les insectes, autour de moi. Parfois sur moi. La terre, sèche ou humide, quelquefois boueuse. Remplie d'insectes. Les odeurs. La pourriture, si intense qu'il m'arrivait de m'évanouir. La merde, qui suintait quand il faisait humide, qui craquelait quand il faisait sec. L'odeur qui variait avec la météo. La merde que je renouvelais. L'odeur du sang. Je la distinguais aussi, cette nuance. L'odeur de ma pisse, acide, qui me prenait à la gorge, qui ne s'affadissait pas. J'aimais ces odeurs, c'étaient les miennes. J'étais dans ma tête. Toutes les pensées, toutes les sensations qui me venaient. J'avais construit ma tête et j'habitais dedans.

 

18 : 16

 

Je m'enfermais dans le sanctuaire tous les mercredis, du matin au soir. Je séchais les cours le matin, presque chaque semaine. Je falsifiais le carnet de correspondance.

Il n'y avait pas beaucoup d'air. Il faisait très froid. L'odeur me remplissait les poumons et le cerveau. Je plaçais des morceaux de viande pourrie sur mon corps. J'étais nu. Les insectes venaient sur moi. Je m'efforçais de ne pas bouger, de ciller le moins possible, de fixer la bâche, de me concentrer sur la pluie quand il y en avait, ou sur le vent, ou sur la lumière, de me focaliser sur les battements de mon cœur, sur mon souffle, sur toutes les odeurs. Quand on est conscient de ses rythmes cardiaque et respiratoire, ils changent, ils se détraquent. Et plus on se concentre, plus ça se détraque.

Je fantasmais beaucoup. Les gens du lycée étaient là. Ils me rouaient de coups, ils violaient ma mère sous mes yeux. Leurs coups me provoquaient des orgasmes honteux, alors je les suppliais d'arrêter et de continuer. Ma mère mourrait. Ils violaient son cadavre. L'homme à la hache venait les tuer tous. Chaque coup de hache vrombissait dans l'air, déplaçaient les odeurs comme l'eau dans une mare. Les corps étaient coupés, démembrés. Le sang chaud giclait sur moi. Ensuite, l'homme à la hache me sodomisait, et au moment le plus fort de ma jouissance, m'arrachait la tête, avec ses deux mains, son sexe planté en moi. Et mes dernières secondes de conscience décuplaient mon orgasme.

Je me masturbais énormément, dans le sanctuaire. J'étouffais. Je manquais d'oxygène. Les orgasmes m'explosaient la tête. Des migraines à vomir, surtout pour les premiers. Et je continuais. Dix, douze fois. J'étais gelé, épuisé jusqu'à l'inconscience. J'étais couvert de sueur. Mes poumons, mon cerveau, étaient remplis d'air malsain. J'étais à moitié évanoui. La pourriture m'intoxiquait. A la fin je jouissais sans éjaculer. J'entrais en transes. J'avais des visions. Ma tête martelait, mon cœur martelait. L'homme en noir. Pour de vrai. Il était là. Anteros.



Avec Windows Live Messenger restez en contact avec tous vos amis ! Téléchargez Messenger, c'est gratuit !
eXTReMe Tracker