passons
respirons
oublions
ayons le courage de ne plus en avoir
disons-nous que l’amour est une invention du gouvernement
pour nous faire croire qu’on est encore vivant
& que c’est l’extrême-droite qui a fait passer
le manque d’amour comme décret
afin de rendre les faibles encore plus faibles
disons-nous que l’amour c’est politique
& que nous on est pas politique
alors l’amour
on s’en fout
ben allez, quoi
on se rassure comme on peut
passons
respirons
oublions
passer mes rivières
respirer tes grands airs
oublier nos prières
et puis hier…
faut qu’on passe & pense à autre chose
qu’on se constitue nos constitutions
moi avec toi je joue au jeu du ni oui ni non
j’ai des cafards dans mes plaies
des araignées qui se baladent au plafond
& des espions sous la pluie
& des espions sous la pluie
qui me tiennent au courant
de ce que font ces cafards
dans mes plaies
de leur façon de me ronger
de leur façon de passer
respirer
oublier
y’a des rayons de lune qui font brûler les rats de l’aurore
n’oublie pas
y’a des rayons de lune qui font brûler les rats de l’aurore
la lune vieille putain dégarnie dégoûtante dégueulasse qui fait le tapin en fauteuil roulant & les rats qui la baisent & les rats qui la quittent & les rats qui & les rats qui & les rats qui & les rats qui
s’enflamment
ces rats bien trop politiques pour être honnêtes
j’aimerais bien les croire quand ils disent
qu’ils vont s’occuper de moi
mais ce que ça veut dire en réalité, c’est
le jour où t’auras droit à la parole
sac-à-merde
on t’écrira
la femme de l’ogre m’a invité à dîner
respire un bon coup et écoute
la femme de l’ogre m’a invité à dîner
& le petit Poucet dépeçait ses frères en l’honneur des invités
je lui ai demandé pourquoi il ne s’enfuyait pas
avec les bottes de sept lieues
il a souri & m’a expliqué qu’il avait passé
respiré
oublié
par la fenêtre je regarde passer
des manif’ de majorettes
t’as entendu ?
par la fenêtre je regarde passer
des défilés de croque-morts
& je vois les petites filles éclaboussées de soleil
poursuivre des monstres enrubannés dans leur douleur
des p’tits princes au regard de mouton
massacrant des p’tites fleurs en pétales d’horizon
le ciel qui s’éparpille dans les éclairs de tes doigts
& le vent qui s’liquéfie sous les sourires de 1000 Buddhas
& j’frappe à la porte
elle me frappe à son tour
on me dit qu’il n’y a personne
alors bien sûr j’écume tes jours
alors bien sûr j’écume tes jours
mais
passons
respirons
oublions
y’a les tueries qui coagulent l’amour qu’on se porte
& les cœurs zébrés d’éclairs échouent dans la flotte
des horloges qui s’étranglent en avalant le temps qu’on perd
& des p’tites fées qui se pendent aux cordes d’hier
mais tout ça
ça compte pas
l’avenir appartient à ceux qui s’en foutent
alors
passons
respirons
oublions
…