Chroniques de l’Ellipse (extrait)
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IX. Le cambrioleur amoureux

De ma terrasse, je ne vois que lui, à moins de cent mètres, je ne saurais dire, il faudrait tendre un fil entre lui et le rebord de ma terrasse, et qu’un funambule fasse le parcours en utilisant le ciseau de ses jambes comme un mètre d’arpenteur... Une méthode dangereuse car qui sait si on le laisserait revenir ?

Un rectangle blanc, comme celui qui autrefois signalait les programmes interdits aux plus jeunes à la télévision, mais dans l’autre sens. Un rectangle blanc planté au milieu de ma vue, comme une cible irrésistible à mon regard qui pourrait pourtant divaguer à loisir de toit en toit et se perdre dans les collines lointaines.

Les deux volets blancs sont repliés depuis le début des vacances sur cet oiseau immobile, prisonnier du mur, qui le reste de l’année bat faiblement des ailes, les entrouvrant ou les ouvrant au rythme lent du caprice de ses maîtres, sur son cœur noir, rectangulaire lui aussi et que parfois une ou deux ampoules électriques illuminent crûment d’un jaune artificiel.

Il n’a ni tête, ni pattes. Aveugle, sourd, hémiplégique, mais vivant.

C’est en le regardant que j’ai découvert un peu du mystère qui se cache derrière les deux rangées de plumes bien ordonnées à l’horizontale, régulières et séparées par des stries plus sombres, et que jamais le vent ne peut faire onduler…