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14.4.04

Qu’est-ce qu’on avait l’air cons avec nos gros ventres, qu’est-ce qu’on avait l’air cons. On se trimballait d’X à Y et on dressait des équations. A priori, cela ne nous servait à rien, sauf à jambonner du pommeau, x ou y, peu importe, on s’en foutait royalement, on avait faim... et puis bizarrement on mangeait rien. Ça nous échappait. Les tables blanches des buffets qu’on salissait de nos verres, les bords étanches de nos lèvres qu’on remuait comme couperets. X ou y, tout cela n’était que pour se fondre dans l’instant roi. L’instant, parfaitement, l’instant névralgique... la beauté sera frénétique ou ne sera pas.

Traversé.

Comment voulez-vous.

Être traversé.
N’être que traversé. N’avoir toujours été que traversé. Ne rien être en soi, sauf un travers.

De travers.
Qu’est-ce tu veux, mec.


D’où ça part, d’où ça vient et pourquoi c’est attiré par le rien. L’immensément gigue. Vide.
Se frotter aux peaux, se plonger dans l’izarre. Bise.

Fallait toujours qu’on ramène notre sale gueule quelque part, juste histoire de voir. Mais on savait bien au fond de nous, on savait bien toute l’immense tristesse, toute l’immense solitude qu’on ramènerait collées à nos semelles comme des mégots trempés, on savait bien jusqu’où ça allait, c'est-à-dire que ça n’allait même pas jusqu’à une once de nous-mêmes.

Combien de fois, combien de fois, me véhiculer solitaire dans les musées métropolitains qui graillaient de basse-cour, le DJ qui coussinnait de ses mains l’atmosphère wattée... Combien de fois, je m’acculais au mur, le front en dedans et les yeux avides. Je n’ai jamais eu peur de rien, sauf. Sauf de mes réactions.

Jamais eu peur de me dandiner seul et de sentir.

Comme ça, sentir.

Me plonger là et être bien.

Nous sommes notre ancre au milieu de la foule, dans ces instants, nous ne comprenons que trop bien, que la seule personne qui ne nous abandonnera jamais, c'est définitivement nous-mêmes.

Qu’est-ce qu’on avait l’air cons avec nos gros ventres.

On se pressait là, on levait nos verres à pas grand-chose, on faisait mine d’y croire, on brandissait dans les airs un dicton à moyen terme éculé, de type : pro-sich, à ta santé-prozac. On n’y croyait pas mais on voulait bien faire comme. L’essentiel pour mes potes était de se tirer de la meuf, l’essentiel pour moi était de me remplir de couleurs, et puis, et puis à terme de recracher. Qu’est-ce qu’on avait l'air cons avec nos gros ventres. Enceints de nous-mêmes. Enceints d’une impossibilité à exulter. C’était au fond, c’était au fou. Une bulle endiablée qui gémissait tandis qu’on souriait. L’hypocrisie de nos vies. Faire croire que tout allait bien pendant une minute et soixante-dix huit queues-sondes. Au fond, c’était le désert d’une fosse septique, un cauchemar, une alvéole gonflée de sang et de gémissements. On se crapahutait comme ça, des toilettes jusqu’au bar, du bar jusqu’aux épaules des amis. On touchait beaucoup, on saisissait les membres, on pressait, on souriait, parce qu’évidemment, on croisait d’autres ombres et on voulait leur faire du bien. De l’amitié quoi. Et pendant tout ce temps là, nos ventres qui gonflaient de faim, de résonnances, de l’impossibilité à réagir, réagir de nous-mêmes.

Bon sang ! Réagir de nous-mêmes !

Se secouer le thorax, se secouer la puce !

Penser un seul instant que tout ce qu’on donnait, on aurait mieux fait de se le donner à nous !

Se choyer ! Prendre soin de nous-mêmes !

Se faire du bien !

Rien à faire.

Qu’est-ce qu’on avait l’air cons avec nos gros ventres, à chaque minute, prêts à éclater du vide. Une syncope viscérale. Nous étions des humains, ça s’arrêtait là. De purs jus d’humains. Des trajets de a en b, de simiesques conjonctures qui nous ramenaient toujours sur nos pas : le bar, la pute et la soif.

Et on mangeait pas.

On se liquéfiait. Disséminait. Et on comprenait pas pourquoi le lendemain. On comprenait pas. On comprenait pas nos gueules. On les voyait, puis on les vomissait. On sentait bien qu’un truc couinait. Mais on décelait pas le comment du pourquoi. On sentait bien que nos velléités à être, tournaient en rond, mais on flairait pas l’origine de tout ça. Le désordre ? Le vide ? La lâcheté ? Quoi ?

QUOI BON DIEU ?

Mais c’était quoi ?

On se regardait bien en face, et puis y’avait rien, c’est tout, rien de plus que nous-mêmes : une sale tronche, verdie par le ressac des cocktails.

Alors voilà, ce qu’on faisait, on prenait nos mains, ouais, on les saisissait, ouais, on était même étonnés d’avoir 5 mains, on les saisissait et puis on les appuyait sur le reflet de nos vies. Et là, tout d’un coup, on comprenait qu’on était autres, que ça s’était fait tout d’un coup, sans prévenir, qu’aux recoins des cocktails, on aurait pu saisir des milliers de verres avec nos 5 mains, mais que, foutus connards qu’on était, on avait tellement peloté, qu’on ne s’était jamais aperçu de nos 5 mains. Putain, on était des foutus branleurs, l’oisiveté, tout ça, l’incompatibilité à nous-mêmes, etc, l’aveuglément et le Nébraska, etc.
Nos 5 mains.
Nos 5 mains, putain.

On avait 5 mains, et on s’en était jamais, JAMAIS aperçus, foutus couillons qu’on était. On s'était jamais aperçus de nos infinies possibilités à être Autre.
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