Je rêvais que je tuais le président. Je laissais sa femme s'enfuir parmi la foule. Je rêvais d'un massacre s'inscrivant dans l'histoire. Précis, daté, signé, lu et approuvé. Le V de la victoire tatoué sur mon plexus solaire. Je regardais le crâne du président se fissurer puis finir par s'élargir sous l'impulsion des balles. J'adorais le ralenti vidéo de tout ce carnage. L'étonnement dans les yeux de la victime. Son incompréhension face à son devenir cadavre. Le ralenti vidéo est une source de plaisir infinie. La répétition de l'Histoire grâce à la télécommande. Je tuais encore et encore. Sa femme courrait dans l'infini des pixels. Je tuais le président et je rentrais chez moi tranquillement. Par de petites rues désertes. Je pensais au pactole que j'allais toucher pour ce job. Dès le lendemain matin j'irais chercher l'argent chez le premier ministre. Ensuite je passerais à Pole Emploi pour clore mon dossier. Définitivement. Je rêvais de soleil, d'air marin, de sable. Je buvais des litres de bons vins en lisant Le Temps Retrouvé. Je regardais la plage de ma terrasse et je voyais l'homme en costume noir s'approcher de l'entrée de la résidence, taper mon code à l'entrée et s'avancer tranquillement vers la porte de mon appartement du rez-de-chaussée.
