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12.2.09

Aux crevards qui s'ennoient puis s'abîment...

Moribond


J’ai perdu quelque chose…


Les couleurs de la vie

S’efface d’un coup de gomme

Ramassée en chemin

Quand mon cœur s’est échu.


Errant dix vagues à l’âme

Si loin des terres amies

Sur un pont suspendu

Perforant l’inconnu

L’horloge s’est arrêtée

Dans l’espace immobile…


L’air peut se charger

D’un grain presque palpable

Collant s’insinuant

Aux moindres interstices

D’une âme fracturée

Embrumant mon esprit

Engourdissant mes sens

Perdus aux quatre vents.


Me reste l’horizon

Au crépuscule couchant

Dans les couleurs de feu

Me réchauffer l’âme

D’un soleil qui s’éteint

Jetant ses dernières flammes

Aux badauds ébahis.


La nuit peut bien venir

Et la lune s’inviter

Au bal des égarés

Où les chimères sont reines

Et les rois miséreux.

La chopine bien haute

Toujours prête à trinquer

Aux séants des plus belles

Élues saintes des cieux

Aux règnes éphémères

Des frasques passagères.

De mon regard hagard

Dès que l’œil se tourne

Je suis phare balayant

Le vide insondable

D’une troupe échouée,

Aveuglément brillant

Aux ombres qui me fixent,

Voilant une torpeur

Aussi noire que l’œil luit,

Réelle comme mon néant

Que je tente de noyer

A gorge déployée

Le gosier tout béant.


La constance n’est pas reine

Au bal des cœurs troublés…


Je rêve et je m’égare

Vers un futur sans nom

Que je cesse d’esquisser

Depuis que foi et loi

Ont quitté mon navire

Depuis longtemps détruit

Brisée au gré d’écueils

Au hasard d’un détour

Dont j’ai tant espéré.


L’âpreté du souvenir

Sécrète le pire acide ;

Bouffé rongé dissout

Il ne tarit sa source.


Me reste un gros tonneau

Jeté par-dessus bord

Que je tète tel un fou

Qui n’aurait plus qu’en tête

Que le sein de sa mère

Comme seul réconfort…

Perdu sur ce nichon

A l’élixir exquis

Je me laisse emporter,

Chahuter divaguer

Au gré des lames de fond

Des mers de mon tréfonds.


Apprenti naufragé

Je festoie au banquet

Des compères retrouvés

Sur l’ile faite monde

Hérissée de récifs

Étincelant d’argent,

Tranchant comme le diamant ;

Pas un n’a résisté

A sa pulsion vénale.


Allons ! Trinquons ensemble

Compagnons d’infortune !

Jurons sur tous nos saints

Et par la queue du diable

Invitons Belzebuth

Et son armée de goules

A danser un sabbat !

Payons de notre sang

La fornique infernale !

Catins et puritains,

Châtions les indécis !

Égorgeons les agneaux

Trop doux pour notre goût

Et invoquons la bête !


La fièvre… la fièvre,

Je la sens m’envahir,

Me consumer les sens ;

Le ressac douloureux

De coups de boutoir

Résonne dans ma tête.

Ma raison obscurcie

Me joue encore un tour.

J’ai encore oublié…


Quelque part, où je suis

Je n’espère plus que l’aube ;

Qu’elle éclaire mon chemin

Et que renaissent enfin

Les couleurs de ma vie.
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