Ultralab™ répond aux Inrockuptibles
Art | Mercredi 19 décembre 2007
Chronic'art avait soutenu le projet dès son origine en publiant dans son numéro d'avril 2007 (Chronic'art #34) des images du dispositif multimédia L'Ile de paradis™ (www.ultralab-paris.org/ile-de-paradis) du collectif d'artistes Ultralab™ (www.ultralab-paris.org) en illustration du dossier « Tous manipulés ? ». Suite à l'ultra-violente™ critique de Jean-Marc Colard parue dans Les Inrockuptibles en novembre dernier, Ultralab™, qui présente actuellement L'Ile de paradis™ (version 1.15) - un « générateur automatique aléatoire et dysfonctionnel d'utopies insulaires » -, a souhaité répondre à l'hebdomadaire, qui n'a pas donné suite à cette demande. Pour information, donc, nous publions ici la critique de Jean-Marc Colard et la réponse d'Ultralab™. Evidemment, quoi qu'il en soit, c'est à vous de juger en allant découvrir l'exposition en question jusqu'au 30 décembre 2007 au Jeu de Paume à Paris.
Lu dans Les Inrockuptibles numéro 626, novembre 2007
Ultralab™
L'Ile de paradis™ (version 1.15) / un voyage au milieu du temps
Le jeu de Paume propose à de jeunes artistes une « programmation satellite » - autant dire une invitation à jouer les bouche-trous… Décidé d'abord à ne pas évoquer « l'intervention » du sympathique, trop sympathique même, collectif d'artistes et de designers Ultralab™ au Jeu de Paume, l'énorme succès public de la rétrospective consacrée au photographe Edward Steichen nous y oblige. Responsabilité morale du critique. Histoire d'avertir les visiteurs que c'est là ce qu'on peut faire de plus caricaturalement mauvais en matière d'art contemporain. Car le pire, c'est de voir ces jeunes gens™, pas designers pour rien, accepter cette commande de bouche-trous, et pousser le comble de la servilité en allant jusqu'à habiller les toilettes d'une bande-son affligeante, tube de Nirvana repris par un orchestre symphonique. Si l'on voulait persuader les visiteurs que l'art contemporain, c'est de la merde, et les artistes des Teletubbies, on ne s'y prendrait pas autrement. La nullité est un enfer pavé de bonnes intentions. Car tout s'organise ici dans un concert d'inérisme, de proposition ludique connectée au site Internet d'une « île de paradis™ » virtuelle venue infiltrer l'espace réel du Jeu de Paume - mais où a-t-on jamais vu que le rose et le bleu étaient des couleurs virales, qu'une sculpture-chamallow™ puisse être autre chose qu'une gentille décoration ? N'est pas Buren qui veut. Pendant ce temps, de grands tirages photo et autres peintures acryliques™ (parasites eux aussi ?), étaient en vente dans la foire Show Off. Les affaires tournent. La roue de la fortune aussi.
Jean-Max Colard
La réponse d'Ultralab™, décembre 2007 (refusée à la publication par Les Inrockuptibles)
Cher News Culturel™,
Décidés d'abord à ne pas évoquer la « notule »(1) rédigée au sujet de notre exposition L'Île de Paradis™ dans votre numéro 626 par le pathétique, trop pathétique même, chroniqueur et commissaire d'exposition Jean-Max Colard, l'énormité assez cocasse de ses propos, tenus dans une tribune publique, nous y oblige. Responsabilité (et pugnacité) intellectuelle du citoyen et de l'artiste. Histoire d'avertir les lecteurs que c'est là ce qu'on peut faire de plus caricaturalement mauvais en matière de soi-disant critique d'art contemporain. Car le pire, c'est bien de voir ce jeune homme, pas « curator » pour rien, s'abaisser à éreinter bêtement des artistes qui n'appartiennent pas à son cheptel et pousser la veulerie jusqu'à pisser sur une exposition dont il ne semble avoir visité sérieusement que les toilettes. Si l'on voulait persuader les visiteurs que l'art contemporain, c'est de la merde, et les artistes, des Casimir, on ne s'y prendrait pas autrement. La médiocrité est aussi un enfer pavé d'intentions ridicules. Car tout s'organise ici dans un concert de paternalisme grandiloquent à l'égard des foules (bien sûr ignorantes), de fates approximations, d'une absence de discours critique connectée à des intérêts partisans venus infiltrer l'espace de la revue - mais où a-t-on jamais vu que la méchanceté gratuite et l'insulte primaire revêtaient une quelconque valeur analytique, qu'une emphase pontifiante, moraliste et floue pouvait tenir lieu d'argument sérieux ? N'est pas Harald Szeemann qui veut. Et pendant ce temps, les oeuvres des artistes « marketés », eux, par l'intègre monsieur Colard, des « objets d'art » parfaitement « designés »(2) pour le marché, étaient en vente à la galerie Nathalie Vallois(3). Les affaires tournent. La roue de la fortune aussi.
Ultralab™
1. Entretien avec Jean-Max Colard, Particules, octobre 2003.
2. « Monu / Mental », à propos de l'exposition Translation au Palais de Tokyo, Jean-Max Colard, Les Inrockuptibles.
3. Oeuvres encombrantes, commissaire : Jean-Max Colard, 23 novembre - 21 décembre 2007.
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