La LCR discute à son université d’été de la proposition d’Olivier Besancenot de créer une nouvelle force politique. Bonne idée ! J’aurais été ravie d’en discuter avec eux… En effet, je suis favorable à la création d’une nouvelle force politique de transformation sociale à gauche. C’est la seule manière de répondre au défi de la période. La division de la gauche d’alternative à la présidentielle et aux législatives a conduit à un échec cuisant, contribuant à placer le score de la gauche du PS et le total des voix de gauche à un niveau historiquement bas, pas atteint depuis les années 1960. Sur le fond, la gauche critique a besoin de mêler toutes ses cultures, ses traditions, ses sensibilités. Ensemble, nous serons en mesure de réinventer un projet digne du XXIe siècle, qui dise en positif le chemin d’une alternative au dogme capitaliste, à toutes les formes d’oppression et de domination. Ensemble, nous pourrons susciter une mobilisation populaire. Les dérives actuelles du PS, essoufflé, tenté par des alliances au centre, s’éloignant chaque jour un peu plus de ses fondamentaux au profit d’une « rénovation » synonyme d’adaptation à la logique du marché et aux valeurs d’autorité, nous imposent d’être responsables, d’avoir une autre ambition que de réunir tous les trotskystes et apparentés de la gauche. Rassembler « tous les anticapitalistes, tous les partisans d’un changement de société », pour reprendre la formule d’Olivier Besancenot, je suis d’accord - même s’il y aurait beaucoup à discuter sur ce que recouvre l’anticapitalisme (abolition, dépassement, etc.). C’est dans cet objectif que je me suis battue pour une candidature unitaire antilibérale à la présidentielle et je reste convaincue que c’est la seule perspective qui vaille. Mais, dans ce qui est proposé, tout semble pour l’instant conduire à un regroupement autour de la LCR… Celle-ci a défini seule et énonce d’ores et déjà un cadre, un calendrier, une ligne stratégique. D’ailleurs, l’absence d’invitations larges à l’université d’été ou la lecture hebdomadaire de Rouge n’augurent pas, pour le moment, du changement annoncé. Or, la logique de ralliement mènerait à l’impasse : d’autres ont déjà tenté cette méthode, sans succès… Une force authentiquement nouvelle ne peut se constituer autour d’une seule des sensibilités de la gauche d’alternative. Elle suppose un processus constituant large et ouvert.