Crise des "subprimes" : "Il faut lutter contre l'opacité, qui propage la crise"
LEMONDE.FR | 14.08.07 | 20h36 • Mis à jour le 14.08.07 | 22h08
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uelles sont les causes de la crise des "subprimes" ?
La baisse des prix du marché de l'immobilier et le non-remboursement par les particuliers de leurs prêts immobiliers ont provoqué la crise du marché immobilier américain. Cette crise a entraîné une revalorisation à la baisse d'un certain nombre de produits financiers qui comprenaient des "subprimes", c'est-à-dire des prêts assez risqués accordés à des particuliers.
Les Banques centrales ont-elles mal joué leur rôle ?
L'industrie financière, qui a exercé une pression très importante sur les Banques centrales pour obtenir une baisse des taux d'intérêt, leur reproche aujourd'hui d'être intervenues trop tard. Mais si les Banques centrales intervenaient à la moindre anomalie sur les marchés, leur action serait salutaire à court terme, mais contre-productive à long terme car les acteurs de la finance, tenant pour acquises ces interventions, changeraient leur politique de risque. Les banques en particulier qui ne prendraient plus en compte les scénarios de crise majeure. Or les institutions financières doivent être incitées à maintenir une bonne gestion du risque, c'est ce que les économistes appellent le "hasard moral".
La crise de l'industrie financière ne concerne les Banques centrales que si l'impact sur l'ensemble de l'économie est important. Mais pour l'instant, le risque d'une transmission rapide et importante de la crise des "subprimes" à l'économie réelle n'est pas avéré.
Que peut-on reprocher aux banques et aux institutions financières ?
Elles ont sous-estimé la vitesse à laquelle une crise de liquidité pouvait s'instaurer sur ces produits, rendant leur revente difficile. Je pense que les erreurs d'anticipation les plus dommageables sont moins du côté des banques que des agences de notation qui ont noté des produits financiers risqués comme étant sans risque. Les banques ont exploité cette faille qui leur a permis de vendre en grande quantité ces nouveaux produits.
A quoi peut-on s'attendre ?
Dans les semaines à venir, on va enfin savoir quelles sont les banques et les institutions financières qui sont touchées et à quel point elles le sont. Par nature, l'industrie financière est oligopolistique : quelques acteurs majeurs dominent le marché, et ceux qui ont été les moins lucides vont être affaiblis. Il n'est pas souhaitable d'interférer avec ce processus tant que la survie du système financier n'est pas en cause. C'est un moment "darwinien" : les banques qui ont eu des politiques de gestion du risque trop laxistes vont le payer très cher, des institutions prestigieuses vont perdre leur crédibilité (comme par exemple la société de courtage Bear Stearns), et seront peut-être absorbées par d'autres. C'est de la "création destructrice".
Il est intéressant de voir l'arrivée d'un nouveau venu dans l'arène : le système bancaire centralisé chinois qui s'est manifesté sur plusieurs dossiers. Il a investi dans Blackstone avant la crise, chez Barclay's, et a été ensuite mentionné pour venir au secours de Bear Stearns. Injecteur de liquidités il sera aussi un investisseur majeur.
Quelles sont les solutions à apporter ?
Ces turbulences ne remettent pas en cause l'idée de marché. Il s'agit de relayer l'information et lutter contre l'opacité qui plane aujourd'hui sur cette crise. Les régulateurs doivent avant tout intervenir pour coordonner les différents acteurs de l'industrie financière, et limiter les effets de contagion. Un certain nombre de secteurs qui n'étaient pas directement reliés aux "subprimes" ont été touchés par "effet domino".
Il est souhaitable que la lumière se fasse le plus vite possible sur les comptes des différentes banques. L'incertitude concernant l'ampleur des dégats dans chaque banque accentue inutilement la crise.
Augustin Landier, spécialiste de la finance, est maître de conférence à la New York University, et coauteur de Le Grand Méchant Marché, chez Flammarion.
Propos receuillis par Anne-Gaëlle Rico
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