L’ordalie, le jugement de dieu, arrive pour François Bayrou.
Peut-il sans se déconsidérer, soutenir Sarkozy, candidat blitzkrieg, capitalo-nationaliste de choc, et premier flic de France ? Peut-il soutenir un homme qui se sera appuyé sur le complexe militaro-médiatique et les réseaux élitistes pour se faire élire ? Peut-il soutenir un homme qui aura utilisé l’énorme machine bureaucratique du ministère de l’intérieur, à des fins personnelles, afin de jouer sur les sentiments les plus vils comme la « peur » et le ressentiment ? Peut-il soutenir un parti qui refuse la proportionnelle, c’est-à-dire l’impossibilité pour plus de 30% du corps électoral d’être représenté au parlement ?
La réponse est « non ».
Même centriste et tolérant, le citoyen Bayrou devra recourir à l’affrontement s’il veut sortir de son dilemme. L’attaque devra être franche, violente, et irrévocable. Bayrou doit tremper son centrisme dans l’encre de Sorel, Lénine ou Tito...
Seule la violence de l’affrontement peut sortir Bayrou d’un engrenage politiquement correct, un étouffement entre Sarkozy et Royal.
L’attaque devra être telle qu’elle devra faire trembler le parti socialiste lui-même. Mais la violence anti-sarkozy devra aussi être une violence anti-socialiste. Hors de ce double front politique, de cette guérilla politique bicéphale, le centrisme de Bayrou ne peut pas survivre. Il existe évidemment une logique révolutionnaire qui ne peut plus être esquivée. Que Bayrou devienne le monstre de la politique française, pourquoi pas ? Le « monstre » est celui qui se cache mais aussi celui qui « se montre », et il est temps de jouer à cache-cache avec Sarkozy. Il est temps de multiplier les zones d’insécurité sarkoziennes, de multiplier les bêtes du Gevaudan, d’occuper la rue, les places et les carrefours. Face à la puissance de Goliath, la ruse de David, la rapidité et la létalité est une clé du combat futur. La politique des gants blancs est terminée, celle des fanions orange vient de commencer. Mais le citoyen Bayrou aura-t-il le courage de descendre dans l’octogone ?
