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24.1.07

Les temps sont graves.
Comme dans tous les âges de transition, la grande question est posée de la Vie et de la mort, de l'Esprit et de la chair.
Désenchantés, aigris, incapables pour la plupart de discerner les directions essentielles sans lesquelles la vie devient une faillite, les hommes de ce temps, entre le passé dont ils n'attendent rien et l'avenir qu'ils redoutent, se sont arrêtés comme des marcheurs dans la nuit...

Beaucoup se sont enveloppés de leur misère comme d'un linceul : la mort peut venir, dont ils pensent qu'elle terminera tout.
Misérables, nous le sommes non pour nous être enfermés dans des cloîtres, pour avoir imposé à la chair l'âpre discipline des reclus, mais pour avoir profané la Vie, pour n'avoir pas vu qu'elle était un Devoir, non une jouissance.

Nous avons éteint l'Esprit. Et nous voici maintenant sur des chemins pleins de fondrières, les uns tordant les mains, les autres hébétés, tous incurablement tristes.
Dans cette solitude et cette ombre, toute voix qui retentit est une voix amie, toute voix en qui parle l’humanité supérieure.

C’est une voix de cette nature que nous voulons faire entendre, la voix d’un vieux moine moyenâgeux, oublié de tous, sauf peut-être de quelques âmes ferventes ou de quelques savants, qui pensent que le Passé, interrogé par l’histoire, peut encore servir au Présent.


Un moine ! diront plusieurs avec une méprisante pitié. Oui, mais un moine dont la bure cachait un cœur d’homme, un vivant, qui fut placé aux confins de deux mondes, dans des conditions à peu près identiques aux nôtres.
A ceux qui s’égaraient et qui souffraient, il a su dire des paroles de vie. En un âge rongé de matérialisme, il a su réveiller, au fond de son tombeau, la divine endormie, l’Ame humaine, fille immortelle de Dieu.

Sans doute, la solution qu’il a proposée est si particulière à son siècle lointain qu’on ne peut prétendre l’appliquer telle quelle au nôtre. Car il y a des formes qui meurent, comme meurent au jardin les tiges d’une saison.
Mais la racine reste vivace. Et le problème qui inspire, aux diverses saisons de l’humanité tant de solutions diverses, demeure au fond identique.

C’est l’homme devant le mystère de sa destinée, l’homme qui cherche derrière le mouvant rideau de ses jours une Pensée directrice et une Volonté bonne.

Ne dites donc pas des pages que nous vous offrons aujourd’hui : « cette doctrine n’a plus rien à faire avec nous. »

Tout a à faire avec vous, puisque vous n’avez plus rien – ou presque, et qu’il vous faut vivre pourtant, d’une haute et belle vie, à la mesure de votre dignité d’homme.
Ne dites pas qu’elle ne vous est rien, la fière et courageuse parole que Ruysbroek l’Admirable donna en viatique à deux étudiants de Paris, férus de syllogismes, riches peut-être de bien des choses, pauvres seulement d’espérance et de bonne volonté : « Cela n’est-il pas vrai que vous êtes aussi saints que vous le voulez bien ? Il en est pourtant ainsi. La mesure de votre sainteté dépend de l’excellence de votre volonté. Voyez en vous-mêmes de quelle qualité est votre volonté, et vous saurez la valeur de votre sainteté. L’on est saint autant que l’on est bon. »
Ce mot, recueillez-le, comme une miette de bon pain, sans vous effaroucher du grave appareil d’érudition qui l’enveloppe.

Quant à moi, dont le rôle est modestement d’un transmetteur, je dis comme Oliviétan, présentant sa traduction de la Bible :
« Je n’ay point honte, comme la veusve évangélique, d’avoir apporté devant vos yeuls mes deux petites quadrines en valeur d’une maille, qui est toute ma substance. Aulcuns viendront après qui pourront mieulx. »

A. Wautier d’Aygalliers (Avant-Propos à son Ruysbroek l’Admirable, paru 15 ans avant la seconde guerre mondiale)
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