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14.10.06

l'analyse d'un professeur à l’Université de Harvard

La thèse du choc des civilisations de Samuel Patrice HUNTINGTON ou la fausse image du glacis divisionniste islamoconfucéen-judéochrétien

Le choc des civilisations de Samuel Patrice HUNTINGTON que Henry KISSINGER n'a pas manqué de qualifier de « livre le plus important depuis la fin de la guerre froide » est en réalité une œuvre sujette à caution.


Des différentes interprétations qui en sont découlées, il importe que l'on se demande si le choc civilisationnel huntingtonien est une prophétie auto-réalisatrice ou une perception erronée de la dynamique internationale ? Thèse réaliste par essence, cette œuvre insiste sur une interprétation froide des relations internationales qui conduit à une hypothèse quoique relative selon laquelle la culture civilisationnelle peut être source de conflit. Si tant il est vrai que la thèse du choc des civilisations s'est trouvée confortée par les événements du « mardi noir », il n'en demeure pas moins qu'à bien d'égards, il s'agit d'une approche du reste fort critiquée.

I. La thèse du Choc des Civilisations : une exaltation de la culture dans la dynamique des conflits internationaux.

La thèse de la civilisation comme source naturelle des chocs internationaux a été conçue bien avant Huntington qui ne fait que la présenter dans sa contenture moderne.

A) Aux origines de la thèse Huntingtonienne du Choc des civilisations

Raymond Aron dans son ouvrage Paix et guerre entre les Nations, développant une idée de Quincy Wright s'est fait l'apôtre de l'existence d'un déterminisme civilisationnel de la violence. Il existe en effet des cultures essentiellement enclin à la belliquosité. Cette approche est soustendue par un certain nombre d'éléments s'exprimant à travers les habitudes de cruauté , la tendance à la centralisation du pouvoir qui, à l'analyse représentent fortement le marqueur identitaire de ces groupes culturels. Quincy Wright pensait à cet effet que les civilisations les plus belliqueuses sont les civilisations Tartare , Iranienne, Japonaise. Le monde selon Wright se divisait ainsi en deux d'une part les bellicistes et d'autre part les pacifistes. Raymond Aron a cependant tenu à marquer un net recul par rapport à cette thèse estimant alors que la cruauté dans la tradition religieuse ne pouvait pas automatiquement s'appliquer dans la société internationale. C'est alors dans le continium de Wright et surtout dans un contexte qui se prêtait à l'analyse que Samuel Patrice HUNTINGTON tentera une démonstration de la transposabilité des us et coutumes internes à l'externe de manière à faire reconnaître dans une modernité réelle la scission ami-ennemi.

B) HUNTINGTON ou le choc des civilisations dans sa modernité

Pour HUNTINGTON, la civilisation apparaît dès lors comme un paradigme explicatif de l'ordre international. Il recommande ainsi de craindre à défaut d'éviter tout contact avec les civilisations confucéennes et surtout islamistes. S'appesantissant sur cette dernière, il pense que « l'islam a des frontières sanglantes ». L'occident doit alors être prudent en érigeant au plutôt de véritables glacis civilisationnels afin de résister aux éventuelles attaques des civilisations dangereuses. En effet, comme on a pu le lire dans la sociologie des attentats du 11 septembre 2001 de Hugues François ONANA, la thèse de HUNTINGTON s'est révélée être une prophétie. Mais une prophétie qui est restée limitée à un cas isolé. L'homme, enseignant à Harvard, a davantage été un instrument d'implémentation de la politique étrangère américaine, d'où les nombreuses réserves que son livre connaît aujourd'hui.

II. La thèse du choc des civilisations de HUNTINGTON en proie à l'échec.

De l'ouvrage collectif Worlds in collision dirigé par Ken Boot et Tim DUNNE, il est évident de constater que l'une des premières erreurs de Huntington est d'assimiler l'Islam à l'Islamisme, la deuxième, la plus fragrante d'ailleurs est ce monotithisme civilisationnel que voudrait traduire HUNTINGTON.

A)Le choc civilisationnel de HUNTINGTON ou la confusion notoire entre Islam et Islamisme.

A travers le procédé diplomatique de dénomination ou de catégorisation, la thèse de HUNTINGTON permet aux Etats-Unis d'instrumentaliser l'Occident tout entier aux fins de l'aider à combattre ses potentiels égaux. Pour s'assurer qu'ils demeureront pour toujours au plus haut du sommet, il faut neutraliser leurs potentiels ennemis. L'Europe ne l'étant pas, l'Afrique beaucoup plus spectatrice qu'actrice, le véritable obstacle est le « glacis islamo-confucéen ». En effet, l'irruption de l'Asie est inquiétante et la montée en puissance de l'Islam est alarmante. Pour y mettre un terme , il faut la catégoriser en empire du mal, mieux en « points avancés de la tyrannie ». Ce qui en pratique n'est pas toujours le cas. A ce premier faux pas s'ajoute un second.

B)Le choc Huntingtonien des civilisations ou la traduction erronée d'un monolithisme culturel.

Pour Zakaria, culturaliser les conflits non pas sans conflictualiser les cultures équivaudrait quelque peu à construire des immeubles sans fondation ni charpente ou encore bâtir sur des sables mouvants. La politique de deux poids deux mesures qu'a subi l'Irak de Saddam Hussein le confirme à suffisance en ce sens que des amis de Washington tel le Pakistan situé en territoire interdit selon l'enseignant de Harvard n'a pas été attaqué. Pourtant, en toute logique, il aurait pu l'être, arme nucléaire et absence de démocratie y étant présentes. Des Etats chrétiens aux antipodes de la théorie de HUNTINGTON ont des amis stratégiques en territoire musulman. Ce que HUNTINGTON semblait oublier c'est que la logique étatique dans la société internationale n'est pas automatiquement culturalisée mais essentiellement intéressée, les Etats vont où se trouvent leurs intérêts peu importe la culture qui s'y trouve. Envoyez le pétrole de l'Arabie Saoudite en Corée du Nord et vous verrez le grand amour entre Washington et Piongyang. Dans la même optique, il importe de relativiser la notion de monde Judéo-chrétien, de monde musulman ou de monde confucéen car comme on peut le lire dans l'illusion identitaire de Jean-François BAYARD, de telles notions ne sauraient renvoyer à des réalités monolithiques mais des ensembles marqués par des contradictions internes. C'est la conceptualisation même des ensembles qui tendent à s'homogénéiser au dehors tout en s'hétérogénéisant au dedans. La thèse de HUNTINGTON sur le choc des civilisations s'est montrée à plus d'un titre évocatrice dans la Compréhension dans une certaine mesure de la place de la culture civilisationnelle dans l'analyse des conflits. Mais cette idée quoique recevable en la forme a davantage pêche dans le fond.
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