Chère éditrice
J'ai récemment, hier soir, relu les pages que je t'ai envoyées : je dois dire que l'ensemble m'a paru assez chaotique, plein de va et vient; une part semble peu pertinente, peu fondée... et pourtant...
Il me faudrait sélectionner les passages qui méritent d'être retravaillés voire supprimés : je tiens à le faire et tu me diras, si tu veux bien, s'ils coïncident avec ceux que tu avais perçus comme à être réétudiés. Je vais m'en acquitter.
Je dois dire, après plusieurs années, que l'on ne comprendra rien, ou si peu, à l'état actuel du modèle dominant, si l'on ne se penche pas sur les réalités essentielles -- c'est-à-dire profondes et véritables -- de l'addiction, donc de la Drogue. La Drogue sert nos maîtres. La Drogue est le socle même de la condition moderne. Et c'est la solution de Job sans Référent transcendant.
Il est -- en tout cas pour moi et ceux, littérairement parlant, de ma famille -- certain que la Drogue dicte nos mouvements tant intérieurs (quoique la vie spirituelle s'efface au profit du regard décentré, sans réflexion, passif) qu'extérieurs.