C'est à cause de notre amour pour les créations que nous avons voulu tuer Dieu. Nous avons voulu nous mettre à sa place afin de ressentir l'extase absolue de voir la création pure. De la voir en face de nous sortir de nos doigts. Et cela nous a donné une force incroyable. La force de construire tout ce monde autour de nous. Nous voulions autre chose que le monde ou que Dieu. En sachant que cela était impossible. Nous trouvions Dieu si triste et si seul. Parce que nous avions fait l'erreur de nommer Dieu, le principe divin ne pouvait plus être multitude extatique : il devenait une petite chose ridicule. Nous avons inversé le principe divin sans y prendre garde, en y pensant très fort. Puis nous nous sommes retrouvés avec deux entités différentes : l'homme et Dieu. Et si notre conscience pouvait séparer, si elle pouvait nommer Dieu, c'est qu'elle avait raison. Cela était excitant. La conscience a tort. Dieu n'est pas conscient. Il est plus que cela. Et pourtant notre conscience est en Dieu. C'est à cause de notre amour pour les créations que nous avons voulu tuer Dieu. Et nous sommes morts. Dans notre volonté de refaire la matière, d'être la matière. Dans notre désir et notre innocence.