Le réel n'a pas besoin de la conscience pour exister puisqu'il est lui-même ce qui engendre, il est le mouvement pur d'amour. Cette onde pure et immatérielle qu'est le réel se divise ensuite entre la conscience et la forme, contenues en elle bien que véritablement absentes dans un premier temps. Cette conscience et cette forme sont les limites de cette onde pure, elles sont l'onde parasitée par elle-même, l'amour butant contre lui-même et produisant une conscience qui tente de s'éloigner de sa forme et de la faire renaître infiniment afin de mieux connaître ce réel, et produisant une forme qui tente de s'éloigner de la conscience et de la frustrer, d'attiser son désir : elles sont des jeux d'attraction. La matière n'existe pas, elle est une illusion de la conscience, et la conscience n'existe que dans son interaction avec le réel, avec le mouvement d'amour. Elle ne peut être prise seule. Il n'y a pas de vérité sans amour. La conscience, afin d'exister, doit être amour avant d'être conscience. À s'expérimenter indépendamment de l'amour la conscience s'annule et disparaît : c'est ainsi qu'elle produit ce que l'on appelle communément le mal. Elle ne s'oppose pas alors même à l'amour, mais simplement à elle-même. Rien ne s'oppose à l'amour que l'amour. L'illusion de la forme statique produite par ce que la conscience parvient à détourer et à faire naître du réel (ce que je suis en train de dire par exemple) ne s'oppose pas au mouvement, elle l'encourage à se multiplier au moment précis où la création est une belle image qui frappe la conscience : elle devient alors simultanément vivante, mouvante, et se sépare de son statut d'illusion. Le Réel est un arrangement éphémère et intime avec notre imaginaire. Ce que nous ne pouvons réaliser dans notre vie, nous le réaliserons dans une autre vie qui ne sera pas la notre. Notre tristesse et notre peur face à notre mort trouvera sa réponse au-delà d'elle-même, si ce n'est au cours de notre vie propre. Et notre indifférence est tout à fait surnaturelle.