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30.4.04

Vous battez votre femme et votre femme vous hait. Vous avez eu ensemble trois enfants que vous détestez : Julie, Julien et Juliette. Julien vient d'avoir 16 ans. C'est un garçon chiant, dépressif, racaille, mais que les professeurs trouvent sympathique.

Parmi ses nombreux amis, deux sont pour lui comme des frères : Mamadou et Mohammed. Ils forment à eux trois une inséparable bande de joyeux drilles, connue dans tout le lycée. Vous ignorez seulement que, le mois dernier, Julien a connu une grave déconvenue : le professeur de biologie, Monsieur Buvard, lui a attribué un 2/20 pour " copie tachée de foutre ". Votre fils l'a ressenti comme une profonde injustice, ainsi que ses deux potes.

Ensemble, après avoir longuement réfléchi, ils ont trouvé le moyen de venger Julien. Monsieur Buvard se rend chaque jour au lycée en bicyclette.

Il range son vélo dans un local non fermé mais surveillé depuis la grille d'entrée par Paul, gardien depuis vingt ans, dont les siestes sont légendaires. Une semaine après la fameuse copie, notre trio passe à l'action : Mamadou fait le guet pendant que Julien et Mohammed s'emparent du vélo. Ils escaladent ensuite la grille pour le cacher dans le jardin de Roselyne Lamoue (avec laquelle ils font aussitôt une tournante, vite fait bien fait, dans une cave fleurant bon le moisi). L'exploit fait grand bruit. Julien et ses acolytes, galvanisés, décident de ne pas en rester là, le local regorgeant d'objets de convoitise : deux jours plus tard, ils réitèrent avec la chaise roulante du professeur de mathématique et la mobylette de Madame le Proviseur.

Celle-ci, furieuse, mène alors l'enquête, en toute discrétion, comme dans les meilleurs épisodes de Derrick. Ses soupçons se dirigent rapidement vers votre fils et ses amis. Bien vu la vieille !

Plainte est déposée pour vol & viol (le jeu de mot fait grassement rigoler les flics). Vol & viol en bande organisée, précise la police : la loi Perben II peut s'appliquer. Bingo !

Trois jours plus tard, un jeune homme souriant aborde votre fils à la sortie du lycée. Il lui montre une camionnette spécialement aménagée pour ses tournantes, et lui propose aussi de revendre tout engin à deux-roues chez Cash-Converter. Julien est étonné. Le jeune homme le rassure, l'invite à prendre un café et lui offre finalement un téléphone portable : "appelle-moi ducon ! ".

Cet homme est un policier, habilité par Perben II (nouvel article 706-81 du Code de procédure pénale) à se faire passer pour complice ou receleur des infractions. Il n'a pas droit d'inciter au délit. Mais il peut mettre à la disposition des personnes suspectées tous les moyens dont elles rêvent (juridiques, financiers, transport, hébergement, télécommunication : nouvel article 706-82). Votre fils, très con, appelle de son téléphone tout neuf ses camarades. Le lendemain, décision est prise de profiter de l'aubaine : on demande au jeune homme de déposer le butin près du stade de foot, histoire de prolonger le plaisir.

Le lundi suivant, à 18 heures, Julien n'est pas rentré à la maison. Votre femme s'inquiète, Julie et Juliette s'en tapent. 18h30 : le téléphone sonne. C'est la police. Julien est au commissariat en garde à vue, où il patiente en jouant aux playmobiles. Comment ? Qu'a-t-il fait ? Peu importe, ce p'tit con est derrière les barreaux ! Vous dormez bien pour la première fois en 16 ans.

Une première journée passe, puis une deuxième nuit. C'est une libération, ce petit connard vous lâche enfin la grappe, c'est un peu comme un avortement à retardement : bon débarras ! Vous en pouviez plus de ce sale branleur... Mercredi matin, surprise, l'avocat vous apporte une sacrée bonne nouvelle : depuis la loi Perben II, la garde à vue peut durer 96 heures, même pour les mineurs (nouvel article 706-88 du Code de procédure pénale). Vous imaginez avec joie votre Julien au commissariat pendant quatre jours et quatre nuits, interrogé le jour et réveillé la nuit.

A 20 heures, quatre hommes sonnent à votre porte. Ce sont des agents EDF qui viennent relever les compteurs. En un clin d'oeil, les voilà dispersés dans tout l'appartement, l'un d'entre eux restant en votre compagnie pour vous occuper. Vous en profitez pour vous taper un pastis tranquillou entre mecs, sans votre vieille grognasse de femme. Ils repartent cinq minutes plus tard, sans vous avoir fait signer le moindre bon. Vous êtes étonné, mais vous avez d'autres préoccupations en ce moment : faire réparer votre PS2, rappeler votre maîtresse, télécharger des mp3, vous racheter une cartouche de Lucky... En fait, ces hommes viennent d'installer chez vous suffisamment de micros et de caméras pour tout connaître de votre vie de couple et des discussions entre Julie et Juliette. Ils en ont le droit depuis Perben II (nouvel article 706-97 du Code de procédure pénal). De toutes façons, vous étiez déjà sur écoute (nouvel article 706-96). Et en fin de compte, vous vous en moquez avec la dernière énergie.

Les journées de jeudi et de vendredi sont les plus cool de votre vie. Julie et Juliette ne sortent plus de leurs lits, elles en branlent pas une, se contentent de surfer sur le web, bref elles ont déjà tout compris à la vie. L'école appelle, vous leur raccrochez au nez, ah ah, quel bonheur, rien à battre !! Votre conne de femme passe de l'hystérie à l'hébétement - et encore, cette pauvre cruche est loin de se douter que les papiers du divorce sont déjà prêts (et pour ça, même pas besoin de la loi Perben II !).

Vendredi :
17h15 : Julien sort enfin de garde à vue mais il est, dans la foulée, déféré devant le juge d'instruction, les faits étant avérés. Celui-ci demande à son collègue le juge des libertés et de la détention de placer votre fils en détention provisoire. Le magistrat accepte : il entend, lui aussi, lutter efficacement contre l'insécurité en ville. Ce petit morveux de Julien est donc en prison, pour plusieurs mois peut-être. Champagne ! (Vos filles, elles, s'en branlent complètement ; elles s'enferment dans un profond mutisme, elles deviennent de vraies adolescentes.)

Vous êtes endormi sur le canapé, raide bourré, en short et chemises hawaïenne, lunettes noires, une bouteille de champ' à la main. Une sonnerie stridente vous réveille soudain : vous vous traînez jusqu'à la porte d'entrée que vous ouvrez. Cinq policiers s'engouffrent chez vous. Cool, on va pouvoir foutre le boxon sans avoir de problème avec les voisins ! Vous balancez du gros son sur votre chaîne hi-fi, vous faites péter la vodka, et olé, pendant deux heures les flics retournent l'appartement, crèvent les coussins, vident les tiroirs, violent votre femme et vos filles. Cette perquisition en pleine nuit (nouvel article 706-91) prend ainsi une excellente tournure : elle permet enfin à votre famille de se retrouver autour d'un bon gang-bang sur le canapé. C'est sur cette vision idylique que vous finissez joyeusement une bouteille d'Absolut.

Le lendemain, décision est prise d'envoyer Julie et Juliette en vacances chez leur grand-mère maternelle. Ce sera mieux pour tout le monde - surtout pour vous, parce que les enfants ça va bien cinq minutes. Votre belle-mère, ravie d'être utile, vient les chercher chez vous. Cette pisseuse se permet une première remarque sur l'état de l'appartement. Vous réussissez à vous contenir. Elle jacasse ensuite un quart d'heure sur le problème de la délinquance. Quelle bouffone. Vous sentez que vous allez sortir de vos gonds. Pour finir, elle vous lance une remarque acerbe sur l'éducation de Julien (vous l'aviez oublié celui-là). C'en est trop : vous la tuez d'un coup de hâche. Simple et efficace...

Or vous étiez filmé !

Lorsque votre beau-père vient porter plainte, les policiers sont déjà au courant. A votre tour, vous êtes convoqué au commissariat, placé en garde à vue, puis mis en examen pour violences sur personne vulnérable. Vous encourez trois ans d'emprisonnement.

C'est le procureur qui vous convoque à la fin de la garde à vue. Il est mort de rire pour ce que vous avez fait, malheureusement il doit appliquer la loi. Il vous demande si vous reconnaissez votre culpabilité, une cassette vidéo à la main. Vous répondez oui. Il vous propose alors de prononcer lui-même votre condamnation puisque vous ne contestez pas les faits. C'est nouveau (Perben II, article 61) et c'est vachement pratique. Si vous refusez, vous serez jugé par le tribunal, dans longtemps et avec les aléas qu'on connaît. Un avocat, jovial, vous conseille d'accepter. Le procureur vous condamne à 4 mois d'emprisonnement, non sans préciser que c'est une peine indulgente en raison du caractère rigolo de votre meurtre.

Durant le trajet vers la prison, menotté dans la fourgonnette, vous vous interdisez de penser à votre femme, à Julie, à Juliette. Vous priez pour ne pas être dans la même cellule que votre crétin de fils.

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