Mercredi c’est jour de marché dans mon quartier. Je me rends au troquet pour boire un café crème. J’aperçois le fromager avec sa vareuse blanche, il entretient deux piliers de comptoir matinaux de la politique française et des élections présidentielles. Le type commence :

-Bayrou lui, ce qu’il veut c’est que tout marche bien. Il prend des types à gauche ou à droite, tout simplement parce qu’ils sont bons. On s’en fou d’ou qu’on vient si on est prêt à travailler pour son pays !

Les deux pochtrons acquiescent.

Le fromager en remet une couche sur le fait que les Français en ont marre de la bagarre entre la gauche et la droite.

Les deux pochtrons comme un seul homme s’exclament soudain :

-Alors il faut voter Bayrou !

Le fromager :

-Oui Bayrou c’est bon.

De l’autre côté de son comptoir, Nabil, un kabyle n’est pas d’accord. ‘Vivement Sarkozy ! dit-il » tout en lavant les verres. Il finit tout de même par lâcher que « De Villepin c’est le meilleur, avec le CPE, un mec te fait chier, tu le vire ».

Dire que le père Bayrou commençait à me faire chier avec son idée qu’il martèle depuis des semaines... J’avais compris du premier coup, mais apparemment pour qu’un truc comme ça rentre dans le cerveau du peuple il faut y aller au marteau piqueur. C’est ça que je n’avais pas compris.

Je viens de voir un fromager convertir deux pochtrons en quelques minutes ! Mince...

A ce niveau le Bayrou à fabriqué un « mème » ou une idée autoreproductible... Une sorte de truc monstrueux qui se développe de manière exponentielle et anarchique.

Je promets bien du souci aux instituts de sondages pour intégrer le vecteur « fromager » dans leurs calculs. A l’heure qu’il est une centaine de pochtrons s’apprêtent à voter Bayrou. Demain ils seront mille...

Ça me désole parce que je suis plutôt pour la victoire de Sarkozy, non pas que je l’aime, mais je trouve que de se coltiner un « ennemi » de cette trempe pendant minimum dix ans, c’est stimulant !